Le monstre du lac est de retour sur plusieurs lacs du bassin versant du Témiscamingue, comme à chaque année.
Cinq signalements ont déjà été faits sur notre bassin versant. Tantôt appelé cyanobactéries, tantôt algues bleu-vert, ce microorganisme préhistorique est signalé depuis 2006 sur plusieurs lacs de la région. Il est présent depuis très longtemps, mais sa prolifération depuis une dizaine d’années a inquiété et inquiète toujours la population qui la voit apparaître sur leur plage. Faut-il s’en méfier ? La réponse est oui.
Comment la reconnaître ? Lorsque l’eau de votre lac prend la couleur et la texture d’un potage au brocoli ou un déversement de peinture verte, c’est qu’il y a de fortes chances que vous êtes en présence d’une fleur d’eau. Lorsqu’une fleur d’eau d’algues bleu-vert s’entasse à la surface de l’eau, souvent près du rivage, elle est appelée « écume » et elle peut avoir l’aspect d’un déversement de peinture. Le Ministère du Développement durable de l’environnement et de la lutte aux changements climatiques (MDDELCC) a établi qu’une fleur d’eau d’algues bleu-vert correspond à la présence de plus de 20 000 cellules de cyanobactéries par ml.
Entre 2006 et 2016, le MDDELCC a recensé annuellement de 4 à 47 lacs de la région signalés pour des fleurs d’eau d’algues bleu-vert. Sur le bassin versant du Témiscamingue, ce sont 27 lacs qui ont été signalés par des gens et plusieurs de ces lacs ont reçu la visite du ministère afin de prélever des échantillons et connaître le degré de dangerosité des cyanobactéries présentes. Sur notre bassin versant, 7 lacs sont considérés comme des lacs où les cyanobactéries apparaissent de façon récurrente.
On peut les voir apparaître en juillet, mais il n’y a pas de calendrier précis pour ces organismes. Il suffit de conditions environnantes idéales, température de l’eau, pluviométrie, température extérieure, vitesse du vent, faible courant de l’eau. Ce sont toutes des conditions qui rendent la prolifération des cyanobactéries idéales.
Le principal coupable est le phosphore. Sa présence dans l’eau, à partir d’un certain seuil, vient parfaire les conditions pour faire proliférer l’organisme et provoquer une fleur d’eau. Le phosphore dans l’eau de surface est naturellement peu abondant. Par contre les activités humaines contribuent à augmenter sa présence dans les milieux aquatiques. Des surplus de phosphore provenant principalement des eaux usées domestiques, des champs agricoles, des eaux de ruissellement, des eaux de surverse etc. font en sorte que la concentration de phosphore dans l’eau des rivières et des lacs augmente. Une once de phosphore dans l’équivalent d’une piscine olympique suffit à dépasser le seuil de prolifération de ces espèces dans l’eau. Combien de phosphore déversez-vous dans l’environnement chaque année ?
Identifier, prévenir et signaler sont les trois gestes à faire lors de présence de cyanobactéries. Prévenez les gens concernés afin d’éviter de boire l’eau et de se baigner dans une eau contenant des cyanobactéries. Évitez également que vos animaux y aient accès, ils peuvent en boire et être malades. Les services de santé du gouvernement du Québec vous invitent à mieux vous informer sur les recommandations à suivre en cas de présence d’algues bleu vert. Pour mieux vous informer et connaître les recommandations générales de santé publique en présence d’une fleur d’eau d’algues bleu vert, suivez le lien suivant : http://www.santé.gouv.qc.ca/conseils-et-prevention/algues-bleu-vert/;
Il important que vous preniez le temps de signaler au MDDELCC la présence de cyanobactéries. Le ministère se doit de suivre les signalements et faire parfois des visites terrain afin d’évaluer la gravité de la situation et colliger les informations pertinentes afin de faire un suivi sur les fleurs d’eau qui apparaissent chaque année. Pour signaler une fleur d’eau d’algues bleu-vert, remplissez le formulaire disponible sur le site du MDDELCC :
http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/eau/eco_aqua/cyanobacteries/formulaire/formulaire.asp
Ou contactez l’Organisme de bassin versant du Témiscamingue :
819-629-5010 poste 2, pierre.rivard@obvt.ca
Votre signalement de ces épisodes est important puisqu’une fois l’information transmise au MDDELCC, celui-ci informera les gens qui sont concernés : municipalité, propriétaire de plages, etc. Les épisodes de fleur d’eau près d’une prise d’eau municipale ou individuelle arrivent parfois et les responsables municipaux peuvent avoir à intervenir afin de s’assurer que l’eau demeure potable pour les citoyens.
Les propriétaires de plages doivent être des plus vigilants puisque c’est de leur responsabilité d’apporter aux gens la bonne information sur les mises en garde à appliquer dans les différentes situations qui peuvent survenir et en tout temps offrir aux utilisateurs un environnement sécuritaire.
Si vous apercevez et signalez un épisode sur votre lac et que vous connaissez des personnes qui puisent leur eau dans le lac pour la consommer, il est primordial que ces gens soient avisés.
Ces épisodes peuvent être fréquents, mais durent rarement longtemps. Il serait exceptionnel que leur présence gâche votre été ! Demeurez attentif, suivez les consignes de sécurité : identifier, prévenir et signaler. La prévention vous permettra de bien profiter de votre été.
Pour améliorer la situation, tout le monde peut faire quelque chose. Vous vous rappelez du phosphore dont je vous ai parlé plus tôt. Vous pouvez diminuer vos apports. De quelle façon ?
- Conformez-vous aux règlements sur l’assainissement des eaux des résidences isolées et de vos règlements municipaux ;
- Aménager adéquatement les berges si vous habitez près de l’eau ;
- Évitez d’appliquer des engrais sur votre pelouse si vous habitez près de l’eau ;
- Utilisez des savons sans phosphate ;
- Ne jetez pas de déchets dans l’eau, même les restes de vos poissons devraient être disposés à un endroit propice.
Tout le monde doit faire sa part et participer à une gestion intégrée de l’eau. La gestion de l’eau est importante, parce que l’eau c’est vital !